Trop de
fois d’un korrigan tu t’es effrayé
Ou d’un
bosquet qui frémit dans le vent de la nuit.
De ces
sursauts qui déployés dans ton sang
Muent en
stupeur indépassable, au plus proche
De la
peur face au diable (un enfant noyé,
Une
poupée balafrée qui se tourne vers toi,
Un
vieillard suintant qui gratte à la porte)
Mais le
vent n’est que vent et la nuit sans doute
N’est
pas plus que l’envers du jour. Nulle éloquence
Dans les
croassements à la pleine lune,
Les
coups de bec des piverts après l’enterrement,
Les
éclairs frappant le premier soir d’hiver,
Les
truites échouées au lendemain sur le rivage,
Les
commémorations de la guerre.
Nous
seuls avons la gorge! A l’univers qui s’étend
Plus que
les milliards de bras d’hommes
Nous
dressons le majeur, ironisant ce ciel
Qui nous
couvre et n’a lucidité de rien.
Oui, je
te veux serein, rassuré face à l’air qui tremble,
Inconséquent
devant la nuit qui pleut.
Souviens-toi
ardemment que les hommes comprennent,
Qu’ils
ont saisi le précaire et l’insolence,
La plume
en or, à hauteur d’irrévérence
Et
persistants à nier les loups-garous, les spectres,
Les
revenants mécontents de leur au-delà,
Les
esprits violacés qui rampent dans la maison.
Balaie l’horreur
vide, amplifiée d’un bois qui travaille,
D’un
vent sifflant dans le jardin
(Car
siffler, souffler, s’engouffrer sont les lois du vent)
Ou d’une
ombre évoquant le diable.
Dis-toi
sans cesse ainsi qu’on égrène éternité,
Que
notre œil (œil ou coeur) est ample,
Qu’il va
plus loin que l’horizon, à fouiller l’infini,
Chercher
le plafond du ciel, déceler le circonscrit
Qui
réconforterait nos destins, le rivet qui assigne
Un
final, un «pas plus» dans sa pureté.
Souviens-toi
qu’on est insatisfait, que le réel,
Malgré
ses milliers de couleurs, entre anthracite
D’automne
avoisiné de givre, orange azimuté
Du
crépuscule en plein été, noir du vrai noir d’hiver,
Quand
nul homme, ivre ou austère, amusé ou amer,
Nargue
la saison du plomb; souviens-toi
Que ta
croyance édictée, éduquée, érigée
En
pilier intérieur, s’ouvre à cent milliards d’éoles.
Pas de
mors à ton âme, aucun commandement,
Aucun
professeur qui t’enseigne une indiscutable
Vérité,
aucune allégeance aux spirites.
Laisse en
toi venir un monde immense, affiliant les souffles
Et les
porosités criardes des roches,
Dans ta
sobriété de terrien
Qui
entend le cri perforateur du réel.
Puis-je ?
RépondreSupprimerBien sûr que tu puis!
RépondreSupprimerJ'ai eu beaucoup de plaisir à lire ton blog que j'ai trouvé par hasard en cherchant des travaux de ta mère... va savoir pourquoi j'en cherchais.
RépondreSupprimerDrôle d'effet de retrouver ce style si familier qui aurait comme mué. C'est toujours lui mais il a une peau neuve et fraîche. Et c'est fou, je te reconnaitrais entre mille.
Merci pour tes remarques, Chrystel. Ta dernière phrase, en particulier, me fait plaisir d'autant plus que je ne saurais pas définir mon style...
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