Pas assez
I
On ne dira jamais
la lune.
Terre et rochers
parmi le blanc
Qui sont de l’encre
et n’en sont pas.
Quel
royaume ? Un gris parfois qui s’éclaire
Et semble un à
peu près de soleil.
II
On ne dira jamais
les genêts.
Le vent a, pour
frémir, son plus bel allié
Et ne réclame pas
d’autres souffles.
Avant l’arbre (et
tous les arbres sont solennels)
Ils font l’exact
rassemblement de l’air et l’humus
Mais les pauvres
mots de l’homme
Transcriront si
peu de ce frisson, si peu
Que la poésie
ordonnera silence.
III
On ne dira jamais
la mort des renards.
Sur la route
écrasés, bouillie pas même ensanglantée
Mais ils gisent,
dépouille offerte à tous les yeux.
Eux, trésors roux
qui sautillaient dans les herbes,
Les voilà vestige
et dégoût, rien qu’un sac à mort
Où l’effroi ne va
pas plus haut, la tragédie tout de suite
À la seule vue
d’un prédateur broyé.
IV
On ne dira jamais
les variations du feu.
Pour qui a
assigné le jaune à la flamme,
Il sera hypocrite
en son violet
Car avant
l’incendie, la bougie déjà
Publie les
couleurs infinies
Et aussitôt l’orange
et le blanc sont frères,
Ponctués d’un
bleu qui surgit et s’amuse
Des orgueils
du rouge.
Mais le feu se
laissera saisir quand les hommes
Proclameront les
brouillards flamboyants.
V
On ne dira jamais
mon amour.
Ô, taisez les
yeux qui sont les siens
Et que vous avez
vus. A moi qui l’ai crue source
Des rayons,
récusez. Deleatur pour à nouveau
(Demain ?
L’an prochain ? Au fil des mois ou tout à coup ?)
Frémir pour un
visage. Un doigt éternel sur vos lèvres
Et je trouverai
force dans le silence.
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