Il disait qu’il l’aimait
Mais il ne savait pas ce que c’était
qu’aimer.
Il prétendait que pour elle
Il mourrait, qu’il traverserait le monde,
Ridiculiserait les poètes
Avec ses chansons infinies.
Il défiait les soleils, les couvées
somptueuses,
Les cuvées d’exception, les prétendants au
trône.
Avec ses amours de salive et d’œillet,
Il avait aussitôt pour ennemis
Ceux qui atténuaient sa passion
Et lui annonçaient un destin de papillon;
Il se liait avec ceux qui glorifiaient son
amour
Et disait que jamais on n’avait aimé
comme lui;
Il croyait à la mort d’amour, comme un
Clèves
Ou un chevalier sacrificiel, votif pour
les couples
Qui s’abandonnent dans la tragédie
sensuelle,
S’embrassant et agonisant sous le ciel
noir.
Il avait ce cœur absolu qui récuse
Les autres amours, les inconnus qui
s’étreignent
Aussi fort que lui; lui aimant il doutait
Que l’amour vive en dehors de lui.
Pour elle il avait l’obscure endurance
De prouver que sa tendresse était la plus
belle.
Il se voyait au plus haut avec elle
Comme s’il avait gagné chevauchée au ciel.
L’univers (et avec lui tout le sac des
galaxies)
Lui semblait décharné. Il ignorait
Le réel qui le surpassait, comme un
couturier occulte
Les vêtements plus beaux que les siens.
Face à son amour,
La mer ne signifiait plus : adieu la
déferlante,
L’eau immense dressée et le chœur des
abysses
Qui se déploie, monte et jaillit;
adorateur,
Il chérissait et s’apeurait. Fébrilement,
Il pressentait que d’autres s’aimaient.
Alors, comme un miroir
Lui faisait face, où il se perdait.
Ses reflets l’effrayaient :
cesserait-il aussi
De se vouer ? Elle étoile
aujourd’hui, deviendrait-elle
Pauvre sur sa bouche ? Elle énumérée
glorieuse,
Trouverait-il toujours foison pour
l’évoquer ?
Garderait-il le zénith endurant, la rose
Figée en son éclosion ? Bien qu’il se
crût seul à transir,
Il voyait des amants aussi vifs,
Il entendait des aveux aussi forts
Et témoin des passions qui n’étaient pas
les siennes,
Il frémissait. L’amour à part lui ?
Il cernait sa tyrannie, son trop plein de
bouquet,
Son joyau incrusté dans un autre joyau
Mais face à elle, il ne savait que son
amour
(L’œuf triomphal qui ordonne à tous les
mondes)
Et leur intimité lui semblait toute
l’éternité.
Alors, malgré ses moments d’humilité
hagarde,
Revenant toujours à elle, à son visage
Et ses yeux, il la regardait, sachant
contempler vite,
Et moquait les muses.
Cela me fait bien plaisir Gabriel d'avoir accès à certains de tes écrits;quelle belle profusion de mots qui deferlent tel un torrent après la pluie!d'où cela te vient il? je ne le sais pas.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé le texte sur la musique et sur la litterature.Continue de nous faire rêver et de nous transporter vers des univers inconnusVB
j'aime beaucoup vos écrit Gabrielle puis je prendre votre texte pour le partager sur Facebook? Bien sur je ne vous pic pas votre texte sans votre autorisation...
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