jeudi 19 février 2015

Démaquillé


S’essouffle-t-il, celui qui dit son essoufflement ?

De son regard publier l’étoile moindre

Ou les tremblements, sans froid ni effroi, de sa main ;

Non pas révéler ni montrer comme un panneau peint

La fatigue accrue mais décrire avec les mots les plus nus

Ce qui, en nous, va vers moins d’endurance ;

Affirmer, face à la ville qui veut rire,

Ce profil de falaise effritée ; sans forcer personne

À s’y brûler les yeux, afficher le portrait

Sans retouche ; ici, l’image où les deuils bien qu’ils soient loin

Ont survécu en un groupement de fantômes

Furieux d’apposer des sceaux parmi le brouillard ;

Là, cet abandon après tant d’orgueils, de postures,

Pour un bref couronnement dans les bars en vogue :

Ne laisserons-nous à l’heure où on faiblit

Qu’un fétu réprouvé du destin, une entaille oubliable ?

Ou aurons-nous, pour s’être évoqué au plus vrai,

Les voix de ceux qui avant nous avaient caché

Dans les matins d’hiver leurs réveils lourds,

Leurs pas ralentis dans l’escalier

Mais maintenant, comme on décernerait trophée,

À nos miroirs nous acclament !
 


 

5 commentaires:

  1. Nul essoufflement à te lire ! Je retiens mon souffle avant chaque "histoire".

    Posthumus, pulchra, beata Laetitia, oeuvrera pour ta postérité du côté d'Orion qui est un magnifique objet céleste !
    Elle augure une rencontre décisive là où le soleil se lève ...

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    1. Merci pour ton message, ton soutien et ta ferveur léonine, Laetitia!
      En espérant qu'Orion ne soit qu'à quelques encablures de notre bonne vieille planète bleue...

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  2. Je ne sais pas si tu connais le poète Eugène Guillevic que j'adore... Je me réjouis de te lire car je trouve que ta façon d'écrire partage un air de famille avec la sienne. (Renaud)

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  3. Je ne sais pas si tu connais le poète Eugène Guillevic que j'adore... Je me réjouis de te lire car je trouve que ta façon d'écrire partage un air de famille avec la sienne. (Renaud)

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